lundi 22 mars 2010

UN ECRIVAIN



Henri Kerels, auteur de romans, manuels didactiques, articles de presse... a été formé durant la première guerre chez georges Eekhoud. "Mon attention fut attirée sur henri kerels durant les années de Guerre. je le comptais parmi mes élèves à feu l'Université Nouvelle et aux cours de littérature que je donne encore à Schaerbeek et à Saint-Gilles. Kerels lisait les auteurs que je proposais à son attention, et encouragé, stimulé par ses lectures, il s'exerçait même à écrire.....Georges Eekhoud 1924". Son roman le plus célèbre est sans aucun doute "L'Arret au Carrefour" édité en 1936 et réédité en 96. Pourtant les spécialistes se demandent comment il se fait que le livre ne soit pas plus connu. Ici "L'Eden Noir" est une version expurgée de l'Arret au carrefour. (La Bibliothèque Royale ne fait aucun rapprochement entre les deux livres !) Dans sa préface H.K. nous dit "Ce livre est une version expurgée de L'Arret au Carrefour.Je tiens a dire que je n'ai pas coulé mon roman dans un autre moule pour plaire à la critique qui me reprochait, dans l'original, certains passages osés. J'ai cédé aux instances de quelques amis qui regrettent seulement que L'Arret au Carrefour, en contenant des pages instructives et - ce sont eux qui le disent- sincères, belles et humaines, ne puisse être mis sous tous les yeux....". J'ai souligné le mot sincère car c'est certainement une des caractéristiques essentiel des oeuvres de Henri Kerels.
Maintenant je dois vous propulser dans le temps. Nous sommes en 1969 Henri kerels est mort depuis 13 ans déjà et Marc Eemans publie son livre "La Peinture Moderne en Belgique". Que nous dit il d'Henri kerels? : "...pour commencer notre revue de ces peintrres abstraits de tout genre par les noms de quelques artistes prématurément décédés : Henri Kerels , Anne Bonnet, Englebert Van Anderlecht, Antoon Marstboom et Kurt Lewy. Le premier de ses peintres ne découvrit l'art abstrait que fort tard, après avoir pratiqué, durant de longues années, un art sans la moindre envergure." Tout Marc Eemans se trouve dans cette phrase. La subtilité qu'il emploi pour citer le peintre afin de lui donner l'occasion de le discréditer puis se contredisant en parlant des longues années alors que précédemment notre peintre était mort prématurément!.. Non je devais comprendre pourquoi un tel acharnement car ce n'est pas son seul coup d'essai. L'explication est apparu en lisant le formidable ouvrage de Virginie Devillez "Le retour à l'Ordre Art et Politique en Belgique" Nous sommes en 45 après la libération. "L'association des Artistes professionnels de Belgique (dont Henri Kerels était le président) qui, par son refus de collaborer instaure une commission nationale d'epuration des Arts plastiques...". "...Quant à Marc Eemans, il prétendra, non sans mauvaise foi, n'avoir publié que des articles bibliographiques. Doutant de la sincérité d'un homme qui signait des articles dans De SS-Man le conseil de guerre le condamnera à 6 ans de détention..." .Ainsi on comprends mieux les raisons qui ont poussé Marc Eemans durant les années 60-70 (alors que Kerels était décédé et la guerre oubliée) a discréditer un artiste qui aurait du faire la fièreté de la Belgique. (On ne le cite pas dans le livre "150 de gravure en belgique " par ROUIR, Eugène 1980 Quelle Honte!!!).

UN
GRAVEUR, DESSINATEUR, ILLUSTRATEUR



Extraits de l'article de Georges Eekhoud paru dans "Savoir et beauté" : Sorti de l'académie de Bruxelles, en même temps qu'il poursuivait assidûment mes leçons d'histoire de lettres, il fréquentait l'atelier de Kurt Peiser , l'excellent Artiste, le peintre si personnel des déshérités, des parias et aussi des dégénérés, des victimes de la société comme celles de la nature.Sous la direction et grâce aux conseils et surtout aux exemples de ce maitre, Kerels ne tarda point à acquérir un métier serré et consciencieux, une technique approfondie qu'il devait, mieux que Peiser l'avait fait lui même, mettre au service de la sympatie la plus largement humaine voir évangélique...."


UN PEINTRE


Extraits de l'article de Maurice Casteels paru dans la revue "clarté". : Rien au monde ne pourra empêcher un peintre de faire de la peinture. Henri kerels n'est ni amateur, ni douanier, ni honteux, c'est un vrai peintre... Alors il se mit à dessiner seul, sans maitre, avec entêtement (Constant Burniaux a comparé exactement la tête de Kerels à un poing fermé)... Il cherche d'abord l'exactitude, non pas pour accumuler, mais pour apprendre à voir - c'est son grand secret-...

Henri Kerels reste un peintre trop méconnu. Aucune monographie alors qu'il le mérite amplement. Pourtant de nombreux articles ont été écrit à son sujet par de grands artistes. Ce n'est pas simplement un peintre Africaniste (dont j'ai évité de parler) c'est un très grand artiste qui nous offre des oeuvres passionnante et dont la vie a certainement été toute aussi passionnante.

J'aimerai terminer en citant un extrait d'un article de Henri kerels sur "La protection des Arts et métiers indigènes au Congo Belge" qui a paru dans " l'Annuaire des Beaux-Arts de Belgique 1937" " A mon avis, les seuls facteurs à protéger en matière d'art nègre sont : liberté et tradition. Il est fort tard à présent, pour mener un programme de renaissance des arts au congo. Le grand, le seul ennemi de l'art nègre c'est le blanc. Pour ma part, je considère que tous les spécimènes d'art nègre qui se trouvent ici, dans nos collections et musées, sont sauvés. Quand à l'artiste noir, si nous voulons le protéger, il faudra lutter sur place contre les blancs, contre la mentalité et le gouts des européens dispersés à travers toute la colonnie et appartenant à divers Etats et sociétés.En résumé, il faudra des lois, des ordonnances et des peines....Je me plais a croire que la Comission des arts et métiers indigènes essayera de savoir à quoi tient la disparition de l'art nègre. pour moi ce sont les blancs et rien que les blancs qui en sont responsables. le fétichisme était pour les noirs une source féconde d'art, les traditions aussi. Nous en avons ri. Notre présence tue tout chez le noir : les habitudes, les religions...."

Voila des opinions qui n'ont pas du le servir surtout après l'indépendance du congo. Indépendance qu'il n'aura jamais l'occasion de vivre puis qu'il est morte quatre ans plus tot.

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